Pidhoresky

Quand Dayna Pidhoresky a pris place sur la ligne de départ des Championnats canadiens de marathon 2019 dans le cadre du Marathon de Toronto Waterfront Banque Scotia, elle savait que tout était possible. Ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait dans cette position, mais il y avait quelque chose de différent cette fois. Elle était en bonne santé, elle avait fait le travail nécessaire en préparation et elle était sûre qu’elle connaîtrait la course de sa vie ce jour-là… et c’est bien ce qu’elle a fait. Pidhoresky a abaissé sa marque personnelle par près de sept minutes, franchissant la ligne d’arrivée en 2:29:03 pour mériter son poste au sein de l’équipe olympique canadienne.

Alors que la course approchait, Pidhoresky évoluait dans l’ombre de Kinsey Middleton, la championne en titre, et Malindi Elmore qui avait un meilleur temps personnel que Pidhoresky par plus de quatre minutes. Même quand Elmore s’est vue contrainte de déclarer forfait pour la course, Pidhoresky est demeurée sous le radar.

Dès le coup de départ, Pidhoresky a rapidement pris le dessus en imposant un rythme agressif en plus d’inscrire un temps de 1:12:56 à la mi-parcours, lui procurant plus d’une minute d’avance sur le peloton canadien composé de Middleton, Emily Setlack et Tarah Korir. Les 21 kilomètres suivants se sont avérés être un défi de taille alors que le rythme de Pidhoresky commençait à s'estomper. Se servant des apprentissages acquis à l’entraînement, ainsi que de l'espace qu'elle avait créé entre elle et le peloton, elle s’est assurée de sa place à Tokyo, en plus de devenir la cinquième marathonienne canadienne la plus rapide de tous les temps.

Il est difficile de s’imaginer que Pidhoresky avait considéré abandonner son rêve olympique plus tôt cette année après un résultat décevant au marathon d’Ottawa 2019. Elle croyait que sa condition physique lui permettrait d’avoir un temps aux alentours de 2:29:30, mais le temps chaud et humide a eu le dessus sur la coureuse qui a franchi la ligne d’arrivée en 2:37:19.

Une déception crève-c½ur après une course n’est rien de nouveau pour Pidhoresky. Bien qu’elle se soit classée troisième aux Championnats canadiens de marathon en 2016, elle avait subi une fracture du sacrum qui l’avait démolie physiquement et émotionnellement. Elle s’est démenée pour revenir et inscrire un record personnel au marathon d’Ottawa grâce à un chrono de 2:36:08, sept mois après son retour. Cette performance avait aidé sa sélection au sein de la délégation pour les Championnats du monde d’athlétisme de 2017 à Londres, et elle s’était même attirée des comparaisons avec deux compatriotes canadiennes, soit les grandes marathoniennes Lanni Marchant et Krista DuChene.

Pidhoresky a commencé à rêver de participer aux Jeux olympiques quand elle est passée à la course sur route après l’université et elle a découvert qu’elle avait des affinités avec les courses de fond. Elle avait malheureusement été blessée pendant une bonne partie de sa carrière dans les rangs collégiaux avec les Lancers de l’Université de Windsor, alors qu’elle a dû composer avec de nombreux problèmes au tibia ainsi qu’une fracture de stress du col du fémur, mais elle a connu du succès à sa dernière année alors qu’elle a fini sixième aux Championnats de cross-country des SUO et a été nommée sur la deuxième équipe d’étoiles nationale universitaire aux Championnats U SPORTS (à l’époque SIC).

Peu de temps après avoir terminé ses études, Pidhoresky remportait le demi-marathon Free Press de Detroit en 2010 avec un record personnel de 1:13:15. La décision a été prise à cet instant. Elle allait continuer à courir dans le but d’atteindre son rêve olympique. Une deuxième place aux Championnats canadiens de cross-country, plus tard la même année, a seulement cimenté ses plans pour l’avenir.

À l’automne 2011, Pidhoresky a décidé de viser un record personnel au demi-marathon. Elle a inscrit un chrono de 1:11:45 à Niagara Falls, le meilleur temps canadien à l’époque, bien qu’inadmissible à être retenu dans le livre des records. Elle a réalisé que si elle pouvait se mettre physiquement en forme pour disputer un marathon, elle pourrait viser une place au sein de l’équipe olympique. Elle a toutefois rencontré d’autres obstacles dans les quelques années qui ont suivi, alors qu’elle a subi plusieurs blessures qui l’ont empêchée de s’entraîner régulièrement. Après avoir retrouvé sa forme physique et surmonté des situations crève-c½ur à plusieurs reprises, Pidhoresky a tout mis en ½uvre pour devenir la championne canadienne en octobre 2019, devant du même coup une Olympienne pour la première fois.

Même si elle n’a pas couru de marathon depuis 2019, Pidhoresky fera ses premiers pas aux Jeux olympiques le 7 août à Sapporo.